mardi 8 septembre 2009

Le MoDem propose le dialogue...

A l'issue de l'université de rentrée du MoDem à la Grande Motte (4, 5 et 6 septembre), François Bayrou a prononcé un discours de clôture dont je retiens deux points principaux.

Le premier, c'est l'annonce du congrès programmatique qui se tiendra à Arras le premier week-end de Décembre. Ce congrès aura pour objectif de structurer sous forme de programme le projet de société porté par le MoDem. C'est sans doute là que les résultats des travaux menés depuis plus d'un an dans les commissions animées par Corinne Lepage trouveront toute leur utilité. A titre personnel, je me réjouis d'autant plus de cette annonce que je milite depuis plusieurs mois pour la définition au sein du MoDem d'une "doctrine" qui puisse être traduite, justement, sous forme de programme. On y arrive, et c'est une excellente chose.

Le second, c'est ce que François Bayrou a appelé une "offre publique de dialogue".

Cette offre faisait suite à la participation de Marielle de Sarnez, 1ère vice-présidente du MoDem, à la réunion organisée à Marseille par Vincent Peillon et à laquelle participaient des représentants de quasiment tous les courants de la Gauche. Une participation qui avait fait beaucoup de bruit, tant en interne qu'en externe, et qui n'avait pas toujours été bien comprise par les adhérents.

Cette amorce de dialogue entreprise par Marielle de Sarnez, François Bayrou l'a approuvée et officialisée lors de son discours de clôture. Ce qui a fait dire, en divers endroits, que cet appel représentait un "virage à gauche" du MoDem.

Pour moi, il ne s'agit pas d'un virage à gauche, mais d'une démarche de bon sens appuyée sur une vision lucide et factuelle de la situation politique en France.

Premier point : dans l'état actuel des choses, le gouvernement et le président de la République mènent une politique à laquelle la plupart des adhérents du MoDem sont opposés. Ce n'est pas tant une question de personne (même si certains peuvent trouver M. Sarkozy antipathique ou vulgaire) qu'une question d'options politique et idéologique. Personnellement, je ne veux pas de la France que les actuels dirigeants nous construisent. Je n'en veux ni pour moi, ni pour mes enfants.

Second point : comme nous sommes en démocratie, il faut pour éviter cette construction bâtir une majorité de gens qui y soient opposés. Car seul le fait majoritaire prévaudra.

Troisième point : pour construire une telle majorité, le MoDem doit nécessairement dialoguer avec ceux qui sont également opposés au pouvoir actuel, et rechercher si ses valeurs et ses projets sont ou non compatibles. Par exemple, le FN est opposé sur bien des points au gouvernement actuel, mais il me semble clair que ses valeurs et les nôtres ne sont pas compatibles. En tout cas, la grande majorité d'entre elles. De même, il me semble que les valeurs et les projets du NPA ou du PCF sont globalement incompatibles avec les nôtres (attention : je ne dis pas que FN = PCF = NPA ! Je dis seulement que dans ces trois cas la plupart de leurs valeurs me semblent incompatibles avec les nôtres). Mais il reste un grand nombre de formations avec lesquelles il faut au moins dialoguer pour voir si oui ou non il y a compatibilité - voire plus si affinités.

Quatrième point : il se trouve que, par la force des choses, ces formations sont essentiellement situées à gauche : PS, EE, MRC, PRG, etc. J'écris "par la force des choses" parce que, dans notre système, c'est en général plutôt à gauche que l'on trouve une majorité d'opposants à une politique de droite. Or, sauf erreur, le pouvoir actuel conduit bien une politique de droite, et même pour être plus précis de droite néo-libérale. Donc, nous sommes bien obligés de discuter et de rechercher des points de convergence avec des formations situées plutôt à gauche.

Cela, c'est l'aspect factuel des choses.

Pour autant, le MoDem "bascule-t-il à gauche" du point de vue idéologique ? Je ne crois pas. Il y a des valeurs républicaines qui transcendent le clivage gauche/droite (j'en ai fait personnellement l'expérience à la fondation Marc-Bloch), qui sont admises au MoDem et qui sont aujourd'hui battues en brèche par le pouvoir sarkozyste. Il y a aussi des points sur lesquels le MoDem peut être en désaccord avec la ligne incarnée par Martine Aubry et l'aile gauche du PS, comme il peut être en désaccord sur certains points avec les Verts ou le MRC. Mais nous pouvons parfaitement, en tant que centristes, républicains et démocrates, rechercher des points d'accord avec le PS, les Verts, le MRC ou les PRG sans pour autant brader nos valeurs et nos convictions. Cela, ce n'est plus un point "factuel", mais c'est une conviction personnelle. Une conviction qui fait que je me retrouve parfaitement dans les discours de clôture prononcés dimanche tant par Corinne Lepage que par François Bayrou. Comme, je crois, s'y sont retrouvés un bon nombre d'adhérents et de militants.


Restent des questions posées par certains adhérents.

La première : "Les autres sont-ils prêts à dialoguer avec nous et si oui, quel poids pesons-nous dans ce dialogue ?"

Sur cette question-là, je suis sans inquiétude : les formations de gauche ou de centre-gauche ne sont pas plus bêtes que nous et certaines pèsent moins lourd que le MoDem. Donc, ce dialogue aura lieu. C'est inévitable et c'est souhaitable. Et il aura lieu sans que nous risquions de "perdre notre âme" ou de devenir la "béquille" de qui que ce soit. L'émission d'Yves Calvi lundi 7 a montré, sans grande surprise, que le PCF ou le NPA sont plutôt réticents à un dialogue avec le MoDem mais que les Verts et le PS (en tout cas, l'aile incarnée par Vincent Peillon) y sont tout à fait réceptifs. Le travail programmatique qui trouvera son aboutissement au congrès d'Arras sera important de ce point de vue, mais en tout cas les bonnes volontés sont là de part et d'autre.

La seconde : "Dès lors que nous nous ouvrons à l'opposition, comment devons-nous gérer les situations locales où le MoDem est allié à l'UMP ?"

C'est une vraie question. Sur les assemblées où le MoDem siège avec la droite, il y a évidemment des clarifications à apporter. Mais faut-il pour autant tomber dans l'opposition stérile et systématique à l'échelon local ? Un maire UMP qui fait du bon boulot dans sa ville est-il responsable du démembrement de l'Education nationale, de la privatisation des services publics, de la dégradation de l'hôpital public ou du bouclier fiscal ? il faut, je crois, distinguer les divers niveaux de responsabilité et l'implication relative, au sein de l'UMP, de telle ou telle personne avec laquelle des alliances ont pu être conclues à l'échelon local. En revanche, il y a du ménage à faire dans nos propres rangs. En particulier, vis à vis de certains élus MoDem qui, de façon officielle, s'affirment comme faisant partie de la majorité présidentielle.

Clarification et organisation internes, travail programmatique et dialogue ouvert aux différents échelons, tels sont les grands chantiers auxquels nous devons nous atteler.



Ch. Romain

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2 commentaires:

Le Crapaud du Marais a dit…

bon billet en effet merci d'avoir pris le temps de me le faire connaître

Anonyme a dit…

un maire UMP qui fait du bon boulot dans sa ville est-il responsable du démembrement de l'EN... dites-vous ?
A l'inverse, un maire communiste qui traite son personnel comme de la valetaille et sa population comme une variable d'ajustement fiscal, peut-il soutenir la non-privatisation de la Poste ?
en résumé, vous avez raison, dépassons des clivages partisans qui servent seulement à conforter ceux qui sont déjà en place et donnons-nous les moyens de dialoguer pour construire un projet commun crédible.